L’intelligence artificielle (IA), prouesse digitale ou superintelligence disruptive qui déboussolera le système social et économique ? Des stratégies d’entreprises aux techniques chirurgicales, l’IA change les règles préétablies dans de nombreuses industries et pousse les hommes à surpasser leurs propres technologies pour rester à la hauteur. Qu’en est-il  des coûts engendrés pour bénéficier de l’IA au quotidien et quels sont les impacts sur les commerces et les habitudes des consommateurs ?

Le président Emmanuel Macron a reçu les géants de l’Internet le 23 mai dernier pour lancer le forum Tech For Good, une initiative qui veut faire de la France un hub du high-tech qui serait au service du bien commun. Lors d’une étude menée par Rocketfuel, 40% des interrogés partageaient la même opinion tandis qu’une personne sur cinq est réticente à l’ampleur de l’IA dans la société, qu’en est-il réellement ?

Les opportunités de croissance avec l’IA

Se former à l’intelligence artificielle

Le 23 mai 2018, Emmanuel Macron a convié les grands géants de la technologie pour préparer la France à la transition technologique qui l’attend. Dans une société où toutes les générations confondues (génération des baby boomers, générations Y, Z et les millenials) pensent que l’IA est l’avenir des métiers et qu’il représente le plus gros changement que les entreprises industrielles vont connaître, il est essentiel de créer et de montrer l’exemple. Ainsi, Virginia Rometty, PDG du groupe IBM a comme ambition de faire de la France une destination locomotive dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Pour ce faire, un programme de formation a été prévu pour reproduire leSe former à l'intelligence artificielle schéma américain des “New-collar jobs” en France. Cette terminaison désigne les nouveaux métiers liés au digital et aux nouvelles technologies qui sont occupés par des aficionados de la branche qui n’ont pas forcément de diplôme mais qui passent avec brio les tests pratiques en entreprise. Plus de 1800 postes seront créés en France en 2018 pour lancer la mutation des industries vers l’IA, a annoncé la PDG d’IBM lors du sommet à l’Elysée. Par la suite, Google a déclaré que l’entreprise allait parrainer une chaire IA à L’école Polytechnique.

L’IA créatrice de nouvelles expertises

La déléguée des formations, métiers et compétences à la direction de l’enseignement international de l’institut des métiers et de la technologie (IMT), constate que 50% des entreprises, en 2018, souhaitent  créer davantage de postes aux compétences pointues. Ces postes seraient destinés à des spécialistes des technologies de l’information et des data. Les data scientist, les ingénieurs des connaissances (knowledge engineer), les intégrateur d’IA, les concepteurs-développeurs ou encore les programmeurs sont des profils délicats à recruter car ils répondent à des besoins en constante évolution et opèrent de façon transversale entre projets, produits et services.

En 2018, de plus en plus d’entreprises privées et de grands groupes s’associent à des centres de recherche et de formations français (comme le CNRS ou l’Université de recherche Paris-Sciences-et-Lettres). Le but est de faire en sorte que la France s’impose comme un pionnier de l’intelligence artificielle en Europe. A terme, il est prévu de créer le premier institut de recherche et de formation spécialiste de l’intelligence artificielle.

Une étude d’Accenture montre que d’ici 2035, la productivité des entreprises qui migrerait vers un business dont le pilier serait l’intelligence artificielle augmenterait de 20%.

Les investissements pour L’IA

 Les investissements pour l'IAAlors que la Chine et les Etats-Unis excellent dans l’innovation technologique et digitale basée sur l’intelligence artificielle, la France s’efforce de ne pas rater le coche cette fois, comme elle l’a précédemment regretté avec la robotique.

Pour garder son rang parmi les élites de Europe, et rattraper son gros retard en matière technologique, le président de la république française a décidé que d’ici la fin de son quinquennat, 1,5 milliards d’euros sous forme de crédit public seront consacrés au développement de l’écosystème de l’intelligence artificielle. Tandis que les grands acteurs de l’IA en sont bien plus loin dans l’injection de milliards dans le secteur, la France a tous les mérites de prendre son élan pour rattraper ses concurrents dans une course qui avait commencé avec un faux départ.

L’objectif de cette initiative ? Que les entreprises privées suivent le pas en finançant des projets ou en investissant dans la recherche et le développement de l’IA en France.

Suite à la rencontre avec Donald Trump en début d’année, une démarche internationale se met en place pour développer les initiatives liées à l’IA en France :

→ IBM a déclaré que l’entreprise allait recruter 400 spécialistes de l’IA venus de France

→ Le géant coréen Samsung dont le pôle recherches est géré par un Français, va établir son troisième plus grand centre de recherche en France

→ La compagnie japonaise Fujitsu va implanter un laboratoire d’ampleur européenne dont le siège sera en France

L’Intelligence Artificielle déchiffrée

l'ère de l'IA

Générer des corps de métiers qui se complètent entre eux

>Pour pouvoir adopter la tendance qui s’impose peu à peu comme un nouveau modèle d’affaire, les férus de la recherche et des nouvelles technologies intelligentes se positionnent comme précurseurs des métiers de l’IA en France. Psy designer, egoteller ou encore éthicien sont des métiers qui mêlent réalitées de marché, normes de marketing et problématiques de l’intelligence artificielle.

En ce sens, on assiste à l’humanisation de l’intelligence artificielle, notamment avec Alexa d’Amazon, avec Cortana de Microsoft ou encore avec Siri d’Apple. Pour ce faire, des compétences duales sont utilisées. Ces compétences servent à gérer la complexité technique et psychologique de l’IA. Ainsi pour arriver à adopter l’IA, il faut qu’elle incarne des valeurs, des traits de personnalité communs aux humains (apprentissage, mémoire, perception, humour, analyse…). Il est également primordial de soigner l’expérience du consommateur et l’enrichissement automatique des données des logiciels d’intelligence artificielle (réguler son automatisation en instaurant des barrières éthiques).

Une analyse d’Accenture US montre la révolution de l’IA dans le secteur de la santé. En combinant les capacités de l’IA et l’expertise chirurgicale, une économie de 150 milliards de dollars pourrait être réalisée d’ici 2026. En multipliant les technologies et en redéfinissant les formes de soins procurés, des grandes marges seront faites tout en assurant un traitement à la pointe de la technologie aux patients. /p>

Ainsi, en modélisant de nouvelles machines et de nouveaux concepts, l’IA peut prendre pleinement place dans le secteur. Les machines pourront analyser, comprendre, saisir les nuances, apprendre et agir en fonction des situations pour augmenter les performances tant administratives qu’opérationnelles.

évolution marché IA

Source : Accenture analysis, traduit par papernest

https://www.accenture.com/t20171215T032059Z__w__/us-en/_acnmedia/PDF-49/Accenture-Health-Artificial-Intelligence.pdf#zoom=50

Le coût de l’IA pour les entreprises

  • En France, 7 entreprises sur 10 ont pour volonté de faire croître le budget de l’IA
  • 37% des entreprises envisagent même d’investir dans les prochaines année plus d’un million d’euros
  • 52% des entreprises françaises sont sensibles aux enjeux et avantages de l’IA
  • 36% de ces entreprises utilisent déjà l’IA de manière transversale
  • 16 % d’entre elles ont mis en place des projets qui aboutiront d’ici un à trois ans.

A l’inverse, 49% des entreprises ont une réflexion très peu mature sur le sujet et n’en sont qu’aux prémices de leur réflexion et de leur compréhension sur l’impact de l’IA sur leur business.

Le saviez-vous ?

 Le budget moyen sur le territoire français des projets de développement d’intelligence artificielle est de 576 000€.
En moyenne 157 000€ pour les entreprises de 200 à 1000 salariés.
Environ 825 000€ pour les organisations de plus de 1 000 salariés.

Source : étude sur l’IA de  Tata Consultancy Services et IDC

Les limites de l’intelligence artificielle

Le risque de la perte d’emploi

Le cas d’Amazon Go

amazon goAmazon vient d’ouvrir son premier magasin AmazonGo dans le nord de Seattle aux States. Plus de queue, plus d’attente, plus de bug informatique, tout est géré par des caméras de surveillances, des algorithmes et des capteurs à la pointe de la technologie, qui, grâce aux prouesses de l’IA, permettent une reconnaissance faciale des consommateurs, et contrôlent ainsi les produits qui entrent et sortent des rayons. Les clients entrent dans le magasin grâce à code bar en deux dimensions disponible sur l’appli d’Amazon.

Une fois les produits pris, leur panier sur le compte Amazon est automatiquement mis à jour, et dès que les clients procèdent au scan de départ, leur panier est validé et leur compte débité. Très peu d’employés sont nécessaires dans le magasin. Le système étant complètement automatisé, les employés ne sont là que pour faire l’étalage de produits et le merchandising lors des opérations spéciales.

Deux écoles de pensée se mettent en avant, ceux qui s’émerveillent devant cette avancée technologique qui permet un gain de temps considérable à de nombreuses personnes souvent très occupées. La maîtrise des outils digitaux et de l’intelligence artificielle ainsi que le pilotage de ce projet qui est une première mondiale, a fait la une des informations business et technologie autour de la planète.

Même si personne n’a jamais avoué aimer faire la queue pendant 15 minutes, des critiques ont émergé quant à la perte de nombreux postes en magasin.

En effet, une fois ce concept adopté par plusieurs acteurs du secteur, il est évident que moins de caissiers, d’agents de rayon et autres emplois à tâches dites répétitives et continues seront nécessaires. Il faut cependant nuancer cette crainte légitime : AmazonGo n’est qu’une boutique pilote près du siège d’Amazon. De plus, comme toute première tentative, la boutique a eu des retards de lancements dus aux reconnaissances faciales et à la sécurisation des rachats tant pour les consommateurs que pour l’entreprise.

De nombreuses années passeront avant que les magasins ne se passent complètement des employés. Les besoins sont amenés à évoluer et à se transformer, tout comme les compétences des salariés peuvent être amenées à évoluer pour être mieux adaptées aux changements que connaissent les magasins.

The Machine : l’automatisation du secteur créatif

Le cas de l’info lab de Northwestern University

Si les créatifs pensaient être à l’abri de l’impact de la robotisation et de l’automatisation des métiers, ils pensaient à tort ! Le cas du laboratoire d’information de l’université de Northwestern est similaire à celui d’Amazon mais souligne une seconde problématique plus existentielle.

Près de Chicago, à l’université de Northwestern, où émergent de nombreux projets technologiques de pointe, un journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle s’est associé avec un ingénieur IA, pour créer Stats Monkey, un logiciel de collecte, de tri et de retranscription de données sportives….transformées en article journalistique. Les algorithmes utilisent une base de données chiffrées qui est complétée par une série d’expressions, de tournures de phrases et de styles rédactionnels pré-enregistrées par des journalistes et ingénieurs.

Le combo parfait pour avoir un article court, de qualité, et surtout écrit en un temps record. Contrairement au magasin Amazon Go toujours en version pilote, le logiciel appelé The Machine, nom qui est d’ailleurs utilisé pour signer tous les articles rédigés par la machine, est sensé être bientôt disponible en ligne à des fins commerciales. Le projet intéresserait plusieurs entreprises qui souhaiteraient décliner le produit dans plusieurs secteurs d’activité.

Outre la mort du journalisme comme on aura pu le connaître, une question cruciale se pose : à force de vouloir que les machines copient les hommes et aient des capacités surhumaines pour un gain de productivité, serait-on en train de mettre en danger des caractéristiques clés de l’homme ?

l'ère de l'IAEn remplaçant l’homme par la machine, la quantité et la qualité ne seront certainement pas un problème. Cependant, la base du journalisme est tout de même de pousser les gens à réfléchir, à remettre en question et surtout à contredire quand il le faut. L’automatisation des métiers créatifs et culturels mettent peut-être en péril le besoin des hommes de ne pas être aliénés et dépendants de ce qui est dit et fait.

Les impacts de l’IA  sur les consommateurs

L’impact de l’intelligence artificielle s’étend au delà des activités professionnelles et des avancements technologiques et digitaux à proprement dit. Les consommateurs se voient également consommer différemment, consciemment ou non.

  1. Les propositions lors des recherches sur Internet sont plus prédictives et fluides et les références proposées toujours plus proches des requêtes initiales ;
  2. Le parcours client sur les sites web et mobiles sont améliorés tout comme l’expérience utilisateur grâce à des aperçus plus précis et personnalisés du consommateur, des données récoltées en masse, triées et optimisée en un temps record ;
  3. Plus de contenus et informations sont disponibles en ligne, créant perpétuellement des nouveaux besoins et une curiosité accrue ;
  4. L’apprentissage automatique (de l’anglais machine learning) est une partie de l’IA qui permet de lier le consommateur à la marque. Le procédé améliore et ajuste le message de la marque par rapport à la recherche du consommateur et le contexte dans laquelle cette dernière est faite. Le dialogue est automatisé sur plusieurs support. Cet échange fluide et personnalisé permet de consolider l’engagement des consommateurs et inciter au ré-achat ;
  5. Les possibilités d’achats sont multipliées et simplifiées. Les obstacles de paiements sont de plus en plus éliminés avec la créations d’applications web dédiées pour faciliter le pas vers l’achat. Paiement sans contacts, à l’aide d’un code QR, paiement à crédit à travers des applications ou partage et transfert d’argent sécurisé en un clic, et sans frais ou alors contenu achetable en un clic, tout est mis en place pour créer une véritable expérience d’achat ;
  6. Le consommateur est amusé, impressionné par ce qui lui paraît être virtuose et révolutionnaire multiplie les achats. En effet, le marketing prend un autre visage avec l’IA qui exploite les émotions de façon plus subtile. L’IA répond à des contraintes, des besoins du quotidien sans pour autant créer des besoins supplémentaires.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle est perçue comme un nouveau phénomène tendance, et bouscule les habitudes d’achat des consommateurs qui se précipitent pour tester les nouvelles implémentations dans les grands centres commerciaux ou qui veulent se prêter au jeu des avancées technologiques. Cependant, le pouvoir d’achat des consommateurs ne suit pas encore. Tout le but de l’opération est de faciliter l’accès à l’achat, mais il est essentiel d’avoir une réflexion sur la vitesse à laquelle les gens vont consommer pour des raisons économiques mais aussi environnementales et durables.

Préparer la transition vers l’IA

Les entreprises sont conscientes de enjeux humains de cette transition vers un marché dont l’intelligence artificielle est le pilier central. En entreprise, la communication doit être décuplée pour tenir les salariés au courant des avancées de l’intelligence artificielle et de l’implication de l’entreprise sur ce marché. Les ressources humaines jouent également un rôle essentiel dans ce passage pour palier aux doutes et aux questions des salariés.

Préparer la transition vers l'IA

Pour les consommateurs, les médias auront un rôle fondamental pour avertir et prévenir les consommateurs de l’impact socio-économique de l’intelligence artificielle dans leur quotidien. Quand le moment sera venu d’investir dans l’IA, le gouvernement aura le devoir de préparer les citoyens aux changements dans leur mode de vie, dans le fonctionnement des systèmes de transport, du secteur médical ou encore dans leurs habitudes d’achat en ligne.

Les mesures de sécurité, tant la cybersécurité comme la protection de l’environnement contre la surconsommation et le gaspillage d’énergie seront des points cruciaux à couvrir une fois l’intelligence artificielle ancrée dans le paysage économique français.

Les sources

http://www.liberation.fr/futurs/2018/03/30/intelligence-artificielle-la-france-veut-attirer-les-chercheurs-et-les-investisseurs_1639927

https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2017/12/18186-nouveaux-metiers-de-lintelligence-artificielle/

https://www.usine-digitale.fr/article/etude-ia.N670724

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