Le basketball, et particulièrement en NBA, est un sport complexe aussi bien en terme de règles que de tactique. Nombreuses sont les données relevées à chaque match : nombre de shoots, nombre de shoots à 3 points, pourcentage de shoots réussis, nombre de passes décisives, etc. Ces données faciles à analyser sont exploitées depuis de nombreuses années par les médias et les franchises de la ligue pour évaluer l’impact d’un joueur ou d’une équipe sur une action, un quart-temps, un match, une saison. De nos jours, la capacité à agréger et analyser un nombre massif de données complexes sur une courte période change l’appréhension d’un match, l’entraînement d’un joueur et également l’expérience des fans.

Le sport à l’ère de la data

La révolution de l’analytics et de la data est imagée par un phénomène en particulier : l’augmentation du nombre de tentatives de shoots à trois points. Située à 7,23 mètres en NBA, la ligne des trois points représente en effet un challenge plus difficile à relever pour les joueurs que de marquer lorsque l’on est sous le panier. Cette philosophie a longtemps été inculquée au sein des équipes, les joueurs shootant à trois points étant peu nombreux : au début des années 2000, la moyenne de tirs à trois points d’une équipe était de 15.

En partant d’un constat on ne peut plus simple (à savoir qu’un tir à trois points rapporte plus qu’un tir à deux points), les statisticiens ont prouvé qu’à pourcentage de réussites égales, il fallait moins de tirs de loin que de tirs près du panier pour une même rentabilité. En choisissant bien la position à laquelle sont pris ces shoots (face au panier, à 45 degrés, 90 degrés…), ainsi que le joueur qui le prend, l’efficacité d’une équipe peut être décuplée, permettant d’augmenter le nombre de points marqués sur un match.

Ainsi, les équipes ont besoin de moins d’actions pour marquer autant de point que vingt ans auparavant. C’est pourquoi aujourd’hui certaines équipes comme les Houston Rockets ou Milwaukee Bucks peuvent tenter jusqu’à 40 shoots à trois points par match ! Impensable il y a de cela vingt ans.

Cet exemple n’est qu’une des nombreuses applications de la data en NBA, une data qui a révolutionné la façon dont on joue au basket en 2019. Aujourd’hui, les franchises NBA engagent des data analyst et s’ouvrent au digital marketing pour récupérer et piloter ces données. La question n’est plus de savoir quelle data va être engrangée, mais comment stocker et analyser toute celle qui est créée. Le challenge actuel consiste à poser les bonnes questions, afin de récupérer les bonnes données, et de les transmettre aux bonnes personnes pour améliorer l’efficacité de toute la structure d’une équipe. Les Golden State Warriors, franchise de la ville de San Francisco, en sont peut-être le meilleur exemple.

Profitant de la présence de la Silicon Valley non loin de leur ville, le club multiplie les partenariats avec les grandes entreprises tech (Facebook, Google Cloud, HP…) pour équiper ses infrastructures et ses joueurs de technologies d’analyse poussées : analyse de la santé des joueurs pour prévenir des blessures, capteurs sur les ballons et joueurs pour évaluer l’efficacité de l’équipe dans une situation particulière, évaluation des prospects du basket universitaire et futures stars de la NBA… Tous les secteurs sont couverts pour optimiser au maximum la réussite d’une équipe, tant sur la plan sportif que managérial.

Une première mondiale

La NBA est la première ligue sportive à installer dans l’ensemble des stades un système de caméra pour collecter des données en tout genre, développé par STATS SportVU : mouvement des joueurs et du ballon, les types de shoots tentés et marqués, la position et vitesse des joueurs, le nombre de points marqués après quatre, cinq, six passes, etc.

Le résultat ? Un basket complètement modifié ces dernières années, les caractéristiques des joueurs et du jeu ayant changé avec l’analyse de la concurrence. On s’adapte beaucoup plus aux points forts des adversaires, on appréhende les points faibles, le jeu est plus écarté (les joueurs shootant plus à 3 points, la défense doit être présente partout sur le terrain), le rythme plus rapide (de 90 possessions par équipe et par match en 2000, nous sommes passés à presque 100 en début de saison, soit 10 possibilités de plus d’inscrire des points).

Le Français Ian Mahimni (Washington Wizards) a, par exemple, profité de la réalité virtuelle pour travailler son pourcentage de réussite au lancer-franc. Résultat : de 61% de réussite depuis son arrivée en NBA, il est passé à 70% sur les deux dernières saisons. Un investissement rentable donc, quand on sait qu’un match peut se jouer à un point près.

Améliorer l’expérience des fans par l’immersion

Comme toute entreprise, les équipes NBA ont compris que la technologie devait aussi être utilisée en direction de leur audience, dans le but d’enrichir l’expérience d’un match, aussi bien pour les fans présents dans le stade que pour ceux confortablement installés sur leur canapé. Outre le reporting live des stats des joueurs et des équipes pendant un match, accessibles sur le site web et l’application de la NBA notamment, la révolution technologique en NBA passe par la vidéo.

La réalité augmentée et la réalité virtuelle sont évidemment les premiers outils qui viennent en tête. Mais comment intégrer une telle technologie ? Concernant la réalité virtuelle, il est possible de regarder quelques matchs de NBA à la maison grâce à un casque VR, donnant l’impression d’être présent dans le stade. Cette prouesse technologique est réalisée via l’application NBA on TNT VR (en partenariat avec Intel True VR) et l’installation de caméras tout autour du terrain. Le but est l’immersion totale du spectateur, qui passe également par l’audio : retranscription de l’ambiance dans le stade et affiliation d’un commentateur spécifique pour les matchs regardés en VR.

Des caméras, il y en a aussi 140 tout autour du terrain de l’Oracle Arena (Golden State Warriors) pour proposer des replays en 4D aux fans. Ce système, développé en partenariat avec l’entreprise Zoom, permet de capturer les actions sous de nombreux angles différents , et de réaliser des « temps forts rotatifs » sur plus de 270°… Le tout créé en 8 à 10 secondes seulement !

La réalité augmentée est encore au stade expérimental, mais l’idée serait d’intégrer des statistiques des actions en overlay, au moment où elles ont lieu (par exemple le pourcentage de chance qu’un shoot tenté soit réussi, avant que ce dernier ne rentre dans le panier… ou pas). Ce type de service commence à apparaître sur les écrans, notamment depuis le début des Finals entre Raptors et Warriors : une technologie développée entre ESPN et Second Spectrum. Toujours dans l’optique d’un match regardé à la maison, les Golden State Warriors (encore eux) ont développé un « bot » sur Facebook Messenger pour envoyer aux fans des vidéos des plus belles actions des matchs de Play-Offs de l’équipe, juste après qu’elles aient eu lieu.

A l’échelle de la ligue, la NBA utilise l’Intelligence Artificielle pour créer et partager automatiquement les contenus vidéos des plus belles actions des matchs, sans intervention humaine (un service proposé en partenariat avec WSC Sports).

Le saviez-vous ?

Les propriétaires de six franchises NBA sont des cadres d’entreprises technologiques : Portland Trail Blazers, Memphis Grizzlies, Los Angeles Clippers, Sacramento Kings, Dallas Mavericks et Cleveland Cavaliers – de quoi justifier l’intérêt de la NBA pour expérimenter toutes sortes de technologies.

L’une des dernières (extravagantes) inventions ? Elle a été révélée à l’occasion du All-Star week-end en mars dernier : un maillot connecté dont le nom et le numéro peuvent changer, s’adaptant ainsi au joueur qui le porte, ou au supporter indécis.

L’e-sport comme nouveau levier d’opportunités

Tout comme on peut le voir dans le monde du football en France et en Europe, la NBA entend tirer profit du boom économique que représente l’e-sport pour intégrer d’avantage la communauté basket, et crée un pont entre sport et divertissement. Ainsi, 21 des 30 franchises de la ligue possèdent déjà leur équipe d’e-sport autour du jeu vidéo NBA 2K (LA franchise de jeu de basket par excellence). A ce petit jeu, c’est (encore) l’équipe des Golden State Warriors qui l’emporte, avec, en prime, l’intégration pour la première fois dans ce domaine d’une femme au sein de l’équipe. La NBA vogue donc sur les tendances technologiques mais également sociétales pour ouvrir la discipline au plus grand nombre.

L’e-sport agit par ailleurs comme un catalyseur pour faire connaitre le basket auprès des nouvelles générations et les intégrer au sein de l’écosystème. En effet, à première vue, il paraît difficile d’atteindre ce segment de consommateurs, les enfants étant trop jeunes pour s’engager financièrement, et leur dépendance vis-à-vis de leurs parents encore trop importante. Ainsi, à travers le jeu vidéo, la nouvelle génération née dans l’ère du numérique a facilement accès à des plateformes web et mobiles : la création de contenu e-sport sur ces plateformes peut permettre une première appréhension au basket pour les plus jeunes. Une augmentation du nombre de joueurs constitue une augmentation du nombre d’utilisateurs de ces plateformes, donc de fans, et donc potentiellement de clients.

Ainsi, attendons-nous à ce que la NBA continue à nous surprendre d’années en années, améliorant toujours plus l’expérience autour des matchs de basket. 30 franchises disputant (au minimum) 82 matchs chacune pendant 6 à 8 mois, on vous laisse faire le calcul de ce que la technologie et la data peuvent apporter à toutes ces rencontres. En attendant toutes ces nouveautés, retrouvez les Warriors et les Raptors dans la nuit de mercredi à jeudi pour le Game 3 de ces Finals 2018-2019, alors que la bande à Curry a recollé au score dimanche soir : 1-1, balle au centre (ou entre-deux devrions-nous dire).

Sources :

  • https://www.hpe.com/us/en/insights/articles/technology-takes-center-court-in-the-basketball-world-1903.html
  • https://www.forbes.com/sites/patrickmurray/2019/05/26/inside-how-silicon-valley-helps-keep-the-golden-state-warriors-at-the-cutting-edge/#347b5ead3847
  • https://eu.usatoday.com/story/tech/talkingtech/2019/05/15/watch-nba-playoffs-courtside-from-home/3410585002/

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