L’exclusion numérique en 2019

“Mais… Ils faisaient comment avant ?” On s’est tous dĂ©jĂ  posĂ© la question. Mais demandez-vous plutĂ´t comment ils font maintenant ! DĂ©clarer ses impĂ´ts, chercher du travail ou tout simplement rester en contact avec ses proches… En 2019, utiliser internet pour gĂ©rer sa vie quotidienne semble indispensable. Et pour cause : 90% des Français bĂ©nĂ©ficient d’une connexion internet au quotidien, que ce soit par l’intermĂ©diaire de leur smartphone ou d’un ordinateur.

Mais que fait-on des 10% qui restent ? La plupart du temps, les gens complètement dĂ©connectĂ©s ne le sont pas par choix. Parmi eux, 70% ont plus de 85 ans : les personnes âgĂ©es sont les premières Ă  souffrir d’exclusion numĂ©rique aujourd’hui.

L’absence de connexion internet dans les logements peut avoir plusieurs raisons, mais la principale reste que les personnes âgĂ©es qui ne vont pas sur internet n’ont jamais appris Ă  utiliser les outils technologiques, et ne peuvent donc pas s’équiper en toute autonomie. Aussi, ce sont souvent des personnes dĂ©jĂ  isolĂ©es physiquement, qui vivent alors difficilement leur incapacitĂ© Ă  aller sur internet car personne n’est lĂ  pour leur apprendre.

Le saviez-vous ?

En 2019, l’exclusion numĂ©rique concerne 68% des personnes âgĂ©es de plus de 85 ans. Parmi les personnes de 60 Ă  74 ans, pourtant retraitĂ©es plus rĂ©cemment, 20% affirment encore ne pas avoir accès Ă  internet dans leur logement.

A l’heure de la dĂ©matĂ©rialisation, de plus en plus de dĂ©marches administratives se font pourtant en ligne, et l’exclusion numĂ©rique des personnes âgĂ©es peut ĂŞtre très handicapante. Ă€ cela s’ajoute qu’une partie d’entre elles n’habitent plus dans les grandes villes : 12.8 millions de personnes en France vivent encore dans une zone blanche sans accès Ă  l’internet haut dĂ©bit, et 540 communes sont quant Ă  elles toujours situĂ©es dans des zones “d’ombres”, qui sont des secteurs oĂą l’accès au rĂ©seau est très compliquĂ©, voire impossible.

la vie sans internet en 2019

Pour ces zones, une connexion internet par satellite reste néanmoins possible, mais elle est bien plus difficile d’accès qu’une connexion ADSL ou Fibre, qui nécessite simplement de s’abonner chez un opérateur. Une connexion satellite est aussi beaucoup plus onéreuse ! Les personnes ayant un accès limité à internet le sont aussi parfois pour cause de ressources : les foyers les plus modestes n’ont pas toujours les moyens de s’équiper d’un ordinateur et d’un abonnement pour pouvoir accéder à internet.

Pour accompagner ces personnes isolées du numérique, des associations comme “Petits frères des pauvres” proposent des accompagnements gratuits pour venir en aide aux personnes âgées ou qui n’ont pas accès à internet dans leur vie quotidienne. L’association préconise aussi une dématérialisation plus progressive des démarches par le gouvernement, pour que les personnes âgées ne soient pas oubliées et puissent s’habituer plus facilement.

Vivre sans internet… C’est encore possible ?

Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer une vie sans internet : se repĂ©rer dans une ville qu’on ne connaĂ®t pas, consulter son compte en banque, faire une rĂ©servation ou encore organiser ses vacances… Une vie sans internet, c’est Mission Impossible ! Ă€ l’image de ces personnes qui sont encore nombreuses Ă  subir les inconvĂ©nients d’une vie dĂ©connectĂ©e en 2019.

vivre sans internet en 2019

Les smartphones et objets connectĂ©s Ă  internet sont dĂ©sormais inhĂ©rents Ă  notre vie quotidienne, et il paraĂ®t inenvisageable de vivre sans. Aujourd’hui, c’est près de 40% des Français qui estiment ressentir “une gĂŞne, un manque” s’ils n’ont pas accès Ă  une connexion internet. C’est bien sĂ»r parce que l’utilisation d’internet a une place prĂ©pondĂ©rante dans notre vie de tous les jours : la connexion moyenne Ă  internet pour une utilisation personnelle est de 3h57 par jour… Sans compter le temps passĂ© derrière un ordinateur pendant les heures travaillĂ©es.

Mais plus que pour une utilisation personnelle, l’impossibilitĂ© de se connecter Ă  internet est surtout perçue comme un vĂ©ritable problème dans le monde du travail. Les personnes vivant dans des zones “blanches” et mal desservies vivent cette absence d’internet comme un handicap sur le plan professionnel.

Dans le secteur tertiaire, une connexion limitĂ©e est forcĂ©ment synonyme de moins de rĂ©servations ou de rendez-vous manquĂ©s… Sans compter que les clients prĂ©fèrent des Ă©tablissements oĂą il est possible de rĂ©server en ligne ! Aussi, la gestion des ressources des entreprises se fait de plus en plus sur internet, et travailler dans des secteurs oĂą la connexion fonctionne très peu ou mal peut vite ĂŞtre un casse-tĂŞte au quotidien.

Et si on se payait une “digital detox” ?

Mais vivre sans internet peut aussi avoir ses avantages ! De plus en plus de personnes optent d’ailleurs pour une “dĂ©tox digitale”. L’objectif ? Limiter drastiquement son utilisation d’internet et des rĂ©seaux sociaux sur son temps personnel. Dans un premier temps, cela permettrait de revenir Ă  une vie sociale plus riche, et Ă  des activitĂ©s plus productives. Pour Sophie, qui a dĂ©cidĂ© de vivre sans tĂ©lĂ©phone portable, cette dĂ©cision lui a par exemple permis de “passer plus de temps de meilleure qualitĂ© avec les autres”.

déconnexion

Ils sont nombreux Ă  essayer de limiter, voire arrĂŞter d’utiliser leur tĂ©lĂ©phone portable pour enrichir leurs Ă©changes et ĂŞtre plus “connectĂ©s” au monde rĂ©el :  “Ça me pousse Ă  ĂŞtre plus actif, Ă  aller vers les autres, tu mets plus de ton temps Ă  profit. On pourrait penser que les gens font des remarques par rapport aux messages et sollicitations (…) mais pour les choses importantes, les gens rĂ©ussissent Ă  te joindre. Je ne suis jamais passĂ© Ă  cĂ´tĂ© d’opportunitĂ©s par rapport Ă  ça”, nous dit TimothĂ©e.

Pour d’autres, les rĂ©seaux sociaux peuvent aussi ĂŞtre très anxiogènes, et la course aux likes vire parfois au cauchemar : ils ont alors dĂ©cidĂ© d’arrĂŞter de se servir des rĂ©seaux et d’internet pour amĂ©liorer leur santĂ© mentale. Certaines personnes considèrent d’ailleurs que les rĂ©seaux sociaux peuvent devenir une vĂ©ritable addiction.

« Selon une Ă©tude de 2012, Facebook et Twitter Ă©taient plus addictifs que le tabac et l’alcool. (…) Les observateurs ont montrĂ© que les « j’aime » (like) recueillis sur les publications et celles de leurs pairs sur les rĂ©seaux sociaux gĂ©nĂ©raient autant de plaisir que manger du chocolat ou gagner de l’argent » – Laurent Karila, psychiatre addictologue, pour 20minutes.fr (suite de l’interview ici).

Mais alors, on fait comment pour décrocher ? Aux Etats-Unis, la Waldorf School est par exemple dédiée à l’accompagnement des personnes souhaitant apprendre à “déconnecter” d’internet et des réseaux sociaux. Des entreprises sautent également le pas : c’est le cas de Volkswagen en Allemagne, qui coupe son serveur après 19 heures pour limiter la connexion des employés en dehors des horaires de travail.

detox digitaleDire adieu Ă  son tĂ©lĂ©phone portable est une autre solution ! Si cela demande plus de rigueur personnelle pour s’organiser, cela permet nĂ©anmoins de se dĂ©connecter complètement  des rĂ©seaux sociaux. Pour Sophie, cela lui aura permis de se sentir plus libre au quotidien : “Ce n’Ă©tait pas un choix au dĂ©but, j’ai eu un petit accident de tĂ©lĂ©phone il y a deux ans. J’ai trouvĂ© ça vraiment agrĂ©able de ne pas ĂŞtre dĂ©pendante d’un appareil, et de ne pas ĂŞtre sollicitĂ©e. Pour moi c’Ă©tait vraiment une libertĂ©, j’avais l’impression de vivre une sorte d’oppression !”

Des techniques moins radicales peuvent aussi ĂŞtre adoptĂ©es, comme mettre une alarme sur son tĂ©lĂ©phone pour limiter son utilisation des applications, ou tout simplement se restreindre soi-mĂŞme. C’est par exemple ce qu’a dĂ©cidĂ© de faire TimothĂ©e : “Sur mon portable, je n’ai pas d’applications.  Pour l’ordinateur, j’essaye de ne pas l’utiliser dans ma chambre, ni d’utiliser mon portable Ă  table. J’essaye de m’Ă©loigner des outils qui me connectent, plus gĂ©nĂ©ralement”.

Mais force est de constater que vivre sans internet est un luxe que seules les personnes facilement connectĂ©es peuvent se payer. L’initiative de limiter son temps d’utilisation est Ă©videmment rĂ©servĂ©e Ă  ceux qui avaient l’habitude et la possibilitĂ© d’utiliser internet et les rĂ©seaux sociaux quotidiennement.

Ils avouent d’ailleurs, pour la plupart, toujours se servir d’internet et des rĂ©seaux sociaux pour des questions de praticitĂ©, et pour gĂ©rer certains aspects de leur vie quotidienne, notamment d’un point de vue professionnel. Pour Sophie, une vie sans internet, c’est compliquĂ© : “Je trouve qu’aujourd’hui, tout est fait pour que tu aies un smartphone (…) Prendre un Uber, commander Ă  manger… Tout est fait pour qu’on soit obligĂ© d’utiliser une application”.

En attendant, vous pouvez toujours essayer de couper votre tĂ©lĂ©phone portable quelques heures par jour, et prendre du temps pour vous. Et n’oubliez pas d’aider vos grands-parents pour leurs dĂ©marches en ligne !

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